Bakassi : Bertin Kisob revendique le « décès » des deux gendarmes

Publié le par Bobby

Dans un communiqué rendu public dans son blog, le leader autoproclamé de l’Armée de libération du peuple camerounais, qui avait déjà revendiqué l’émeute du pont sur le Wouri, regrette l’incident mortel survenu « par erreur » selon elle.

 

Christophe Bobiokonocbobio@gmail.com

 

L’Armée de libération du peuple camerounais (Alpc) a revendiqué, très tôt lundi 10 octobre 2011 à 4h du matin, un échange de tirs intervenu la veille avec « l’armée du vieux dictateur Biya dans la péninsule de Bakassi ». C’est un communiqué rendu public, sur son blog et, plus tard, par courriels électroniques, qui le dit. « Nos embarcations contenant une livraison de matériels militaires pour notre armée, escortées par un détachement de notre partenaire du Bakassi Freedom Fighters est tombé (sic) par erreur sur des éléments du régime du vieux dictateur », décrit le texte signé de Bertin Kisob, le leader autoproclamé de ce mouvement. Avant de préciser que « [l’échange] de coups de feu qui en a résulté a fait un blessé de notre côté et deux, côté régime ». Le communiqué s’achève par une annonce relativement funeste : « Nos armes sont arrivées à bon port et seront utilisées dans les jours avenir pour libérer notre pays du vieux dictateur et de sa bande de voleurs ».

La veille, 09 octobre 2011, jour de l’élection présidentielle, deux gendarmes avaient été tués dans la péninsule de Bakassi. Dans une déclaration faite à la presse dans la soirée, Marafa Hamidou Yaya, le ministre d’Etat camerounais chargé de l’Administration territoriale et de la décentralisation avait confirmé la nouvelle en précisant qu’il s’agissait de deux gendarmes en service dans l’arrondissement d’Isanguele (Bakassi) pour la sécurisation des opérations de vote. Selon le ministre, cette tuerie était l’œuvre de personnes armées non identifiées. Il indiquait que des mesures étaient prises pour rechercher et appréhender les assassins.

Répétition…

Si la déclaration du ministre d’Etat et le communiqué de l’Alpc divergent sur de petits détails, ils ne sont pas loin de rappeler une situation similaire vécue le 29 septembre 2001. Ce jour-là, dans la matinée, la circulation sur le pont du Wouri avait été perturbée pendant plus d’une heure par des coups de feu tirés par un inconnu présenté comme un « militaire ». Dans son communiqué, le Gouverneur de la Région du Littoral avait attribué l’incident à un individu habillé en tenue militaire et indiquait qu’il était vivement recherché par les forces de l’ordre. Pour sa part, et s’adressant pour la toute première fois au public sous la casquette de leader de l’Armée de libération du peuple camerounais, Bertin Kisob parlait d’une opération menée de façon non violente par plusieurs de ses hommes dans le cadre de l’opération « Biya dégage ». Il précisait que l’un d’entre ses hommes avait été grièvement blessé.

En attendant que les autorités camerounaises fassent la lumière sur les événements de Douala et de Bakassi, l’Alpc multiplie ouvertement des annonces (les téléphones et adresses mails fonctionnent normalement) pour parler notamment des « recrutements massif de soldats » en son sein, de ses « besoins urgents » en armes et en matériels, de la liste noire des dirigeants camerounais mis à mort. Dans le même temps, elle met un point d’honneur à rassurer les populations. « Nous adressons nos sincères condoléances à la famille des défunts (gendarmes) car, la mort des membres du petit peuple n’est pas notre objectif », dit-elle par exemple dans son communiqué diffusé dans la matinée du 10 octobre 2011.

L’Alpc est un mouvement qui dit avoir l’ambition de chasser le président Paul Biya du pouvoir par l’usage des armes. Elle a pour leader autoproclamé un certain Révérend Bertin Kisob, 36 ans, dont la candidature avait été rejetée par le Conseil électoral d’Elecam pour la présidentielle qui s’est déroulée dimanche dernier. Il se présente comme un admirateur du président des Etats-Unis d’Amérique, Barack Obama.

C.B.

 

N.B.: cet article est une co-propriété de christophe.bobiokono.over-blog et canal-info.ca. Son exploitation n'est donc pas libre.

 


 

Bertin Kisob

« C’est la panique dans le camp du vieux dictateur Biya »

Entretien organisé avec le leader autoproclamé de l’Armée de libération du peuple camerounais (Alpc), l’organisation qui a revendiqué la fusillade sur le pont du Wouri le 29 septembre 2011. Les questions ont été envoyées le 1er octobre et les réponses ont été obtenues le lendemain.

 

 

Vous avez revendiqué le blocage du pont sur le Wouri le 29 septembre dernier. Peut-on savoir, de votre point de vue, ce qui s’est passé et le bilan que vous faites de cette opération ?

Lire mon blog demain à partir de 19h, temps universel. (N.B. : la réponse n’est pas donnée à ce jour dans ledit blog)

 

L’un de vos communiqués affirme que vous avez perdu des hommes dans l’opération pendant que le communiqué du Gouverneur de la Région du Littoral indique que l’opération aurait été menée par une seule personne, aux trousses de laquelle les forces de l’ordre se seraient mises. Quels commentaires vous inspire cette différence de version ?

C’est la panique générale dans le camp du vieux dictateur Biya. Est-ce qu’un homme seul peut bloquer les deux entrées d'un pont. Nous allons donner les détails de cette opération sur notre blog demain.

 

Le monsieur qui a mené l’action du pont sur le Wouri était-il militaire ou non ? Si oui, de quel corps de l’armée ?

Réponse demain. (N.B. : pas encore de réponse).

 

Vous étiez candidat à l’élection présidentielle du 9 octobre 2011 et votre candidature a été invalidée par le Conseil électoral d’Elecam, puis par la Cour suprême. Si votre candidature avait été retenue pour la compétition finale, auriez-vous déclenché le mouvement que vous revendiquez ?

Oui, sûrement après les résultats si ma victoire était mise en cause.

 

Que reprochez-vous précisément au processus électoral concernant la présidentielle du 9 octobre prochain ?

Elecam est une véritable section du Rdpc, elle fait tout pour que le vieux dictateur Biya gagne

 

Quels sont les principaux griefs que vous faites à la gestion du président Biya pour que son départ soit au centre de votre action ?

Le vieux dictateur Biya n’a pas de vision pour le Cameroun. Il gère ce pays au jour le jour. Sa vision 2035 n’en est pas une.

 

Ce qui s’est passé le 29 septembre sur le pont du Wouri était, de la part de celui ou de ceux qui ont protesté, une action non violente dans la mesure où des vies humaines ont été épargnées. Pourtant, vous dites détenir une Armée de libération du peuple camerounais. Ne seriez-vous pas à la tête d’un mouvement violent par essence ?

Ce jour, c’était une action non violente, car nous avons tiré en l’air et non sur le peuple ou l’armée. Le vieux nous a répondu par la violence. La prochaine fois, nous allons lui montrer que nous savons être aussi violents.

 

Un message lu sur votre site indique que vous êtes décidé à ôter la vie au Gouverneur de la Région du Littoral, au Premier ministre et au président Biya à cause de ce que vous dites être la disparition d’un de vos éléments. Cela ne risque-t-il pas d’installer les populations dans une psychose profonde alors que vous affirmez que votre action vise à les libérer ?

S’il faut les libérer, alors il faudra bien éliminé leurs oppresseurs; on ne peut faire des omelettes sans casser des œufs.

 

Pour terminer, M. Mila Assouté, un homme politique, candidat comme vous à l’élection du 9 octobre dont le dossier de candidature a été rejeté, a annoncé récemment qu’il se lançait dans un mouvement pour la libération du peuple camerounais. Etes-vous en contact avec lui ?

Non pas encore ; il sera le bienvenu.

Entretien mené par Christophe Bobiokono

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